We Are Young.

We Are Young ♪
« ____________ we are strong. »

Vive comme l'éclair, petit feu-follet bondissant par-dessus les vieux troncs calcinés, traçant à travers les buissons carbonisés, une silhouette bicolore virevoltait dans la Lande désolée. Le noir se fondant dans le fond brisé par l'incendie, le blanc noirci par les cendres brillant à la lumière du Soleil naissant. Et dans la pâle atmosphère boréale, le bruit répété et survolté des griffes éralfant le sol et le râle d'une respiration saccadée et excitée. Un chat. Agile, fou , lourd, bête, cynique, intelligent.Soudain, dans un brusque dérapage, le feu-follet noir et blanc glissa sur le sol brûlé, et stoppa net, soulevant au passage un épais nuage de terre et de cendres mouillées. Haletant, une flamme inépuisable scintillant au fond de la prunelle, le félin bicolore leva le regard vers le ciel. Là où il y a encore quelques secondes trônaient des nuages tristes et fantomatique, à présent se découvrait une Aurore libre et rayonnante. Le mâle au manteau noir sourit, l'air satisfait, puis se laissa tomber lourdement sur le sol. En un instant, le ventre immaculé de l'éclair noir et blanc se peigna de gris et de noir, mais celui ci ne sembla pas s'en soucier. Impassible, il s'attaqua avec entrain à son toilette, faisant reluire son poil long et épais. L'œil vif, brillant, jaune-pâle parcouru d'un réseau de lignes translucides, balaya avec une certaine malice le paysage désolé. L'aube, à présent teintant les nuages restants d'une belle couleur orangée mêlée de bleuté, illumina le visage du matou. Jeune, quelconque, peut être un peu fou, un brin rêveur, un poil méprisant, malin. Brusquement, il se redressa, interrompant sa tranquille toilette. Le regard flamboyant, un sourire de gamin étiré sur son charmant visage, il se leva, s'ébroua, releva son regard zébré. Ramenant ses pattes avants blanchâtres au niveau de ses épaules, bandant ses muscles, sortant ses griffes, braquant ses oreilles en arrière ... Bondissant. Tel une furie, un ouragan, un mistral, il s'élança dans la Lande Obscure, glissant comme le vent sur les maigres pans d'herbe, dérapant avec précision dans les virages les plus serrés. Une furie, un ouragan, je vous dis. Le regard illuminé, plus brillant que jamais, les pattes griffues martelant la terre perdue. Je vous présente Dernière Carte. Le feu-follet, l'éclair noir et blanc. Ainsi donc, Cartouche, le Diable ,si vous voulez, la gueule entrouverte, le poil plaqué par la vitesse et le vent, un cri de victoire et de bonheur naissant dans la gorge, traçait à travers la triste Lande Obscure. Un guerrier téméraire, vif, malicieux , idiot, épris par la déesse du jeu de défis, il serrait facile de deviner ce qu'il faisait ici. Il défiait. Quoi ? Je n'en ai aucune idée.

« Dernière Carte, dernier tour, dernier jour ... »

Et voilà, à nouveau, il stoppa net, dérapant dans le sol fétide. Un sourire victorieux étirant son visage blanchi, il se cabra, agitant ses fortes pattes avants, puis, à nouveau, se laissa tomber par terre. Ainsi donc, il jouait. Et cet étrange manège n'était qu'un jeu. La vie est un jeu dont je serai le gagnant. Oui, Cachoutte était fou. Mais à sa manière, si intelligent. Soudain, avec une violence incroyable, Dernière Carte tourna brusquement son vif visage et découvrit les crocs avec une sorte de sifflement suraiguë. Un sifflement qui aurait fait frémir n'importe qui. Le matou cracha, feula par-dessus son épaule, l'œil ténébreux, puis se leva d'un bond. Le poil ébouriffé, le regard assassin guettant cette menace imaginée, il s'approcha à pas de loup du buisson qui se dressait tristement devant lui. Et, à peine le vent eut-il une nouvelle fois effleuré le pauvre arbuste, il fallait s'y attendre, Le Diable noir et blanc banda ses muscles sinueux et bondit. Avec un hurlement de rage doublé d'euphorie, il se jeta sur le pauvre végétal, griffant, mordant, les branches et tiges, arrachant les maigres feuilles, déchiquetant le tronc. Les broussailles, eux, comme si il cherchaient à se défendre, laissaient sur le museau et les coussinets du chat de profondes, fines et douloureuses entaille épineuses, ce qui ne faisait que redoubler l'agressivité du mâle bicolore. Du Diable noir et blanc. Après un dernier coup de dent, le buisson céda. Dans un craquement sinistre, il plia, se ratatina, et ses branches brisées par le combat finirent de se casser tristement. Le vainqueur recula d'un pas , admirant son œuvre. Un nouveau sourire, même plus un rictus, étira son charmant visage bicolore.

Partant pour une partie avec le Diable ?

Tu me manques... Tant... Je me rappelles si bien du jour ou tu m'as quitté... Tu gisais dans le sang... A côté de toi, il y avait le corps inanimé de ce blaireau... Tu souffrais tant. Alors j'ai compris que je ne pourrais pas te sauver, que ce qui devait être fait, je devais le faire, pour toi. tu m'as souri tant bien que mal... Je t'aimais, oh oui, je t'aimais plus que tout à cet instant là... Et c'était pour ça que je devais le faire. Parce que justement, je t'aimais. J'ai regretté à voix, haute. Puis j'ai levé ma griffe, elle à scintillé au soleil...

" Dernière Carte, nous avions besoin de ce genièvre ! ... "

Et encore une de ces journées banales. Une de ces journées où la meneuse n'avait rien d'autre à foutre que de remuer des pensées sombres, morbides et autres. A refouler son passé en grimaçant, en se plaignant de toutes ces douleurs qu'elle avait dû endurer. Son conseiller, évaporé. Ses prunelles rouge sang étincelaient de rage. Hargne contre la vie. Course contre le temps. Et elle court, elle court ... Non pas la magie de l'amour. L'amour, elle sait que ce n'est pas fait pour elle. C'est comme décrocher la lune : on croit qu'elle est tout près de nous, on tend la main et on se retrouve fou, puis l'astre s'éloigne brutalement, et on bascule dans le vide. Celui que nous n'avions pas vu, aveuglés par l'astre lumineux, laiteux, si attirant ... Elle le dévore de ses yeux de sang, elle, meneuse du Clan des Ténèbres. Flamme Éternelle. Le corbeau qui convoitait la colombe. La colombe ... Et une morsure, dans les dents.

La colombe ... Immortelle. Sa colombe. Tu fronce les sourcils. Tu es mécontente d'y penser encore. Tu as peur que tes guerriers se rendent compte de ton malaise. Au - delà de tes yeux de sang se cache une âme blessée dès sa plus tendre enfance. Tu te mords les lèvres. Tu as moins mal en te mordant jusqu'au sang qu'en pensant à elle. Ta lèvre saigne. Tu lèches le sang. Goût âcre que tu as de nombreuses fois savouré, le sourire aux lèvres. Sourire sadique et arrogant qu'est celui des gagnants, toisant fièrement les vaincus. Mais c'est ton sang que tu ingères. Es - tu la gagnante ou la perdante dans le jeu ? Tu joues trop au chat et à la souris avec Immortelle. Trop tard, il est trop tard. Elle aime Feu Sauvage. Mais tu aimerais tant qu'elle t'admire, tu aimerais tant la toucher, réaliser qu'elle n'est pas une déesse ni une fée, tu voudrais plutôt te rendre compte qu'elle n'est qu'un illusion.

Tout ton petit monde idyllique où tu étais reine s'écroule, et les fragments t'agressent. Tu regardes l'horizon, imperturbable. Où peux - tu aller ? Tu réfléchis. A quoi bon réfléchir, en fait ? Où qu'elle aille, elle s'en foutait, du moment qu'elle ne tombait ni sur la colombe ni sur Feu Sauvage. Tes petits yeux de sang cherchent alors occupation valable. Ils ne trouvent rien. Autant rester sur ton territoire, t'en éloigner ne t'apportera que des ennuis. Et puis, tu t'en fous de ça, je sais. Mais si tu restes chez toi tu ne rencontreras pas la colombe. Et voilà l'élément décisif qui cloua Flamme Éternelle. La fourrure de la Rousse brillait au Soleil. Comme un éclair dans la brousse, comme un lion à l'affût. Elle se mouvait élégamment entre les herbes et le sol brûlé, meurtri. Comme le sol des Enfers. Elle avait la tête dirigée vers le sol. Un bruit attira son attention non loin d'elle. Flamme Éternelle leva vivement la tête, interpelée par le bruit. Ou bien était '- ce un prédateur ou une proie de grande taille, un intrus ou encore un chat de son Clan.

Flamme Éternelle se rapprocha de la source du bruit et fut rassurée comme inquiétée de percevoir l'odeur familière de son propre Clan. Elle reconnut un des deux individus de son Clan, mais pas l'autre. C'était Pétale de Nuit, et un autre chat. Elle avait peur que Pétale de Nuit décelle dans son comportement, ses regards et ses gestes son immense tristesse. L'âme blessée et perdue de Flamme Éternelle était caché au plus profond de son regard. Mais son âme était de plus en plus facilement visible dans ses yeux de sang. Elle voilait donc obstinément ses yeux et ne fixait plus personne au fond des yeux. Elle évitait le regard des autres. Flamme Éternelle arriva donc. Elle reconnut immédiatement le chat dont elle n'avait pas deviné l'origine à partir de l'odeur. C'était Dernière Carte, un chat fort étrange de son Clan. Elle le trouvait fort puéril pour son âge. Elle secoua légèrement la tête pour se remettre les idées en place puis elle jeta un rapide coup d'œil circulaire pour cerner le contexte et la situation.

Flamme Éternelle distingua le mioche - guerrier s'écraser très volontairement dans un buisson de genièvre. Flamme Éternelle étouffa un râle en voyant le buisson réduit à néant. Le Clan aurait été ravit de recevoir des baies de genièvre, d'autant plus que ces buissons étaient rares sur le territoire du Clan des Ténèbres. Flamme Éternelle serra les dents pour ne pas hurler de rage sur l'inconscient. Sale mioche. Elle n'eut pas le temps de s'en prendre avec hargne au guerrier - mioche que déjà Pétale de Nuit s'en chargeait. Elle lui annonça que le Clan avait besoin de ce genièvre, pas qu'un de plus soit toujours mieux non, ils en avaient besoin. Et le guerrier - mioche venait de détruire volontairement le buisson. Une grimace de rage déforma son visage. Elle s'énervait pour un buisson. Vous me direz, c'est tout aussi puéril. Mais elle était plutôt dans une rage folle à cause de tous les évènements qui s'étaient enchaînés ces derniers temps.

" Dernière Carte ! Es - tu guerrier ou apprenti ?! Je me pose toujours la question ! "

Et elle grogna en émergeant d'un des bouquets d'ajonc alentours. Elle était fulminante. On aurait pu croire que la meneuse en voulait injustement à un guerrier innocent, mais comme dit plus tôt, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Ses yeux évitaient toujours les yeux des deux félins, voguant sur le pelage des deux chats puis sur le buisson dévasté.

L

I

P

Non, mais regardez moi ça... C'est pitoyable, on dirait un chaton !

" Dernière Carte, nous avions besoin de ce genièvre ! ... "

Alors c'est ainsi qu'il se nomme... Ils ne sont pas si différent des Clans finalement...

" Dernière Carte ! Es - tu guerrier ou apprenti ?! Je me pose toujours la question ! "

L

Elle doit être faible celle-là...